Pour Isabelle Collombat difficile d'expliquer aux autres comment ils doivent s'y prendre. Elle n'a pas de recette ou de secret à délivrer... et pourtant dès qu'elle est lancée, elle partage volontiers quelques bons conseils.
Lis plutôt (je mets en gras ce qui me semble important).
"L'écriture, c'est plutôt l'art de la débrouille, un artisanat, une étrange domestication de soi-même, un état de concentration pour tenter de trouver, à force de travail, les mots. Et en même temps, il faut savoir se montrer ouvert et réceptif.
Patient, opiniâtre et endurant.
Ecrire, réécrire, lutter contre le découragement, s'y remettre et recommencer, relire, reprendre le texte, reconstruire l'histoire.
J'ai lu qu'Alice Munro, écrivaine canadienne, prix nobel de littérature en 2013 a choisi d'écrie des nouvelles faute de temps. Jeune femme active et mère de famille à la fin des années soixante, elle a considéré qu'elle n'aurait jamais pu s'atteler à des textes longs qui aureint exigé de sa part un trop grand engagement. Si je comprends parfaitement Alice Munro, puisque je suis dans le même genre de situation, je pense que
les textes courts exigent aussi beaucoup de travail et prennent du temps. Parfois, des textes de quelques pages demandent plusieurs mois, plusieurs années de travail car chaque mot compte. Encore plus que dans le roman.
Lors de mes rencontres dans des lycées, j'explique souvent ce qu'est pour moi
le principe de la pâte à pizza
Il faut, pour comprendre, avoir déjà fabriqué une pizza sans acheter la pâte déjà toute faite ! Bref, pour faire une bonne pâte à pizza, il faut de la farine, de la levure, de l'eau, un peu de sel et parfois aussi un peu d'huile d'olives. On délaye la levure dans l'eau, on mélange le tout, on pétrit avec énergie et on obtient une boule de pâte qu'on laisse reposer. Au bout d'un certain temps, au moins une heure, on reprend sa pâte, elle a bien gonflé. On peut alors la travailler au rouleau à pâtisserie, l'étaler et la garnir.
Un texte, c'est pareil. Il faut le faire reposer, le faire gonfler, sauf que ça prend un peu plus d'une heure, même s'il est court.
C'est un phénomène étrange que j'ai découvert au fil du temps. J'ai commencé à écrire avec des nourissons, puis des petits enfants dans les bras. Tout en adorant m'occuper d'eux, je regrettais de ne pas avoir plus de temps pour écrire. Dix ans plus tard, je manque toujours de temps, mais
j'ai compris que, même lorsque je n'écris pas, mon histoire continue à vivre en moi et que, même si je ne suis pas derrière mon ordinateur, le processus ne s'interrompt pas.
Au contraire, tout ce temps passé sans écrire nourrit mon travail. Et
quand je peux à nouveau écrire et que je relis mon travail, je le regarde différemment, avec un oeil qui n'est plus le même, qui a pris de la distance. Je peux reprendre mon texte. Mot par mot. Entendre en le lisant que la musique qui s'en dégage est pleine de fausses notes ou qu'elle ne me plaît pas. Alors, je recommence.
Et je me repose la seule question qui vaille : Qu'ai-je vraiment envie de raconter ?
En lisant les nouvelles des jeunes lauréats du concours de nouvelles 15-20 ans, je me suis souvenue qu'en débutant, je me laissait souvent embarqué par mon plaisir d'écrire. J'aimais la sonorité des mots, oubliant, souvent, que je devais aussi raconter une histoire.
Pour moi parler d'un personnage et de ce qui lui arrive, c'est penser au concret de sa vie, aux minuscules choses de son existence. Bref, c'est se mettre à sa place."
Voilà quelques très bons conseils : Travailler et retravailler le texte sans relâche, puis laisser reposer cette histoire (comme une pâte à pizza) pour mieux y revenir.
Et ne pas oublier de se mettre dans la peau des personnages ! Essentiel.
Bon courage si tu te lances dans l'écriture.
Derniers commentaires
→ plus de commentaires