Version imprimable Comment écrire un texte vrai

A vos ordres Claire Castillon

Note : 3/5 (63 notes)

Je voudrais vous donner un conseil mais il ressemble à un ordre.
Un ordre qui commence par « il faut ».

Je crois que pour écrire il faut vous sentir plein. D’envie ou d’élan. Il y a comme une peau à exploser autour de vous, une sorte de membrane, de chrysalide tiens. Vous êtes dessous.


Une peau d’enfance ou une peau
que vous avez fabriquée,
ou que l’on vous a fabriquée.
Le vous-auteur est dessous.


Il peut sortir si le cri poussé, même calme, même silencieux, est vrai. Il peut sortir si l’effort est constant. C’est là que je parle de travail. Vous aurez toujours des débuts, vous vous réjouirez de cet élan qui vous porte. Ensuite vous devrez porter l’élan. Et aucun sport, autre que celui de l'écriture, ne vous laisse cette chance! Etre plus rapide que la vitesse ou plus profond que le plongeon.

N’imitez pas. Si vous êtes exactement vous, comme dans la vie avec les autres, vous devriez avoir un style unique. Le contenu, ce sera vous aussi. Votre oeil n’est pas celui du voisin. Il doit conduire votre plume. 

Claire Castillon



Version imprimable Hervé Giraud donne ses conseils en vidéo

L'essentiel à savoir en - de 4 mn

Note : 2.9/5 (52 notes)

Mots-clés :

Ecoute les bons conseils de tonton Hervé.

Cet auteur a le don de faire passer les infos importantes
avec humour et autodérision.

Vous n'oublierez pas l'exemple de la balle de tennis mouillée ;o)


Voilà, ya plus qu'à !!!
Bonne chance à tous ceux qui vont participer cette année.



Version imprimable Ecrire une nouvelle fantastique (part 2)

Que dire encore ?

Note : 3/5 (64 notes)

Suite du premier billet.

Il y a deux espèces d’auteurs, à ma connaissance, au moment de se mettre au travail. Les premiers se corrigent au fur et à mesure qu’ils écrivent. Quand ils terminent une page, l’ayant corrigée tout de suite, elle est bien nette ; il n’y aura plus, ou presque plus, à y revenir à la fin. Les seconds écrivent tout leur texte d’un jet, un peu n’importe comment, le plus vite possible ; puis ils reprennent tout, et corrigent. J’appartiens à la deuxième catégorie : impossible de retravailler avant d’avoir un matériau « brut » complet sous la main, comme un bloc de marbre où tailler. Le plus dur, de mon point de vue, est de pondre ce marbre. Le tailler, le raffiner, l’améliorer, le mettre en bon français, c’est de l’artisanat éliminer les répétitions, alléger, reformuler, etc.

Alléger, tiens. S’il y a un conseil où je suis à peu près sûr de ne pas dire de bêtise, c’est celui-là. On écrit trop. Adverbes, adjectifs. Mais aussi détails inutiles. Précisions neutres, sans intérêt pour l’histoire. Le lecteur n’oublie jamais : si on lui a signalé page 4 qu’il y a un coffre-fort dans la chambre, il l’aura en mémoire page 10, on peut tenir la donnée pour acquise et jouer dessus. C’est spécialement important dans les nouvelles, où le fil doit rester tendu de bout en bout. (Le romancier, lui, peut flotter un peu, digresser. Ca fait partie du plaisir). Moralité : dégraissons.


Et aussi : tenons bon. On est inévitablement déçu, quand on écrit : c’est toujours si différent de ce qu’on avait en tête et généralement moins bon, parce qu’on idéalisait ! Tant pis : c’est ainsi. Mieux vaut un bon texte qu’un mauvais, mais mieux vaut aussi un texte moins parfait que prévu que pas de texte du tout. N’abandonnez donc pas, ce serait la pire erreur de jugement de votre vie suivant la phrase que les candidats de la cuvée 2018 avaient pour mission d’insérer dans leur nouvelle. Ils l’ont fait, non sans brio.

Bernard Quiriny



Version imprimable Ecrire une nouvelle fantastique (part 1)

2-3 idées, considérations diverses et remarques pratiques

Note : 3.2/5 (60 notes)

Voici deux ou trois idées, considérations diverses et remarques pratiques, que je me suis forgées ces dernières années, en tentant d’écrire des nouvelles. Mon expérience est limitée par le fait que j’ai toujours donné (et continuerai à donner, sauf changement brutal de personnalité) dans le registre spécifique de la nouvelle absurde ou fantastique, qui a ses règles propres... Bref.

 

La nouvelle n’est pas un roman en petit. Inutile donc de vouloir écrire une nouvelle à partir d’un sujet de roman : ça ne marchera sans doute pas, ou ça marchera mal. Chaque sujet, chaque idée de livre, a son poids de forme : poids lourd, on en fait un roman, poids plume, une nouvelle. Ca ne signifie pas, bien sûr, que les idées poids plume sont des idées courtes pas plus qu’un petit tableau n’est moins beau qu’un grand sous prétexte qu’il est plus petit.

La nouvelle est un genre poli, parce qu'il ne consomme pas trop le temps du lecteur, mais un peu impoli aussi, parce qu
’il faut claquer la porte assez fort en partant. Elle tend vers une chute, et cette chute doit être un peu bruyante. Il ne s’agit pas forcément d’imaginer une révélation sensationnelle, ou une surprise, ou un piège tendu au lecteur ; simplement, il faut que la chute ait de l’allure, car tout repose sur elle.


Le registre fantastique, le mien, si peuplé de chefs-d’œuvre (Maupassant, Borges, Bioy Casares, Aymé, les Belges, tant d’autres), a ses codes. Beaucoup de nouvelles fantastiques tournent autour d’un petit nombre de thèmes, actualisés et repris sans cesse depuis des temps immémoriaux : le double, la transformation physique, les miroirs, les sosies, les morts qui reviennent, le voyage dans le temps sous toutes ses formes, etc. On peut continuer d’y puiser : c’est inépuisable. Quelques techniques usuelles aident ensuite à mettre l’idée en scène, telles que le récit cadre : au lieu de raconter directement l’histoire, racontons l’histoire d’un type qui raconte l’histoire (on peut multiplier les degrés, l’histoire d’un type qui raconte l’histoire d’un type qui...) On met ainsi de la distance, on crée plus facilement le doute, et on se ménage des petites pauses à peu de frais (« Il s’arrêta pour boire une gorgée de rhum », etc.) ; c’est très pratique, et ça stimule en plus l’imagination pour la chute (deux possibilités : chute dans le récit, chute dans le récit-cadre).

Suite la semaine prochaine.

Bernard Quiriny



Version imprimable Les conseils de tonton Fred

L'essentiel pour écrire une bonne nouvelle

Note : 3/5 (66 notes)

A la lumière des nouvelles lues pour le prix littéraire 2017 (une excellente cuvée),
voici en vrac quelques conseils / remarques / réflexions :


 

La nouvelle est un format littéraire extrêmement exigeant, car par définition très court, on ne peut pas se permettre, comme dans un roman, de temps faible. Il faut dès les premières lignes créer une tension (puis la maintenir, voire l’accentuer jusqu’au bout), un cadre, et prendre garde à ne pas se disperser. Multiplier les personnages et les actions, c’est prendre le risque de se perdre. Il faut attraper le lecteur et, une fois qu’il est captif et espérons-le captivé, ne plus le lâcher.

En revanche, qui dit nouvelle ne dit pas pauvreté littéraire. Soignez votre style, évidemment, ciselez les dialogues, ne négligez pas le titre qui doit être accrocheur, mystérieux, troublant, faussement banal, etc., jouez avec les temps de la narration, le niveau de langage… Vous avez une infinité « d’outils » à votre disposition, faites-en bon usage !

 

Et enfin, si votre nouvelle est à chute (ce qui n’est pas une obligation), évitez à tout prix les gros sabots, manipulez le lecteur, jouez avec lui au chat à la souris (il est souvent un peu masochiste, le lecteur, il aime se faire berner), mais habilement, maintenez le suspense, brouillez les pistes, menez-le en bateau… puis cueillez-le dans les dernières lignes d’un bel uppercut au menton. Paf ! Qu’il soit sonné et ait envie, aussitôt, de relire la nouvelle pour en saisir la substantifique moëlle.


A vous de jouer !

 

Fred Paronuzzi



Version imprimable Ecrire une nouvelle

Gare à la chute & autres considérations d'Ahmed Kalouaz

Note : 3.3/5 (69 notes)

Voilà un très beau texte qu'Ahmed Kalouaz vient d'écrire pour toi.

Je mets en gras, certaines idées.
"Certains vous diront, pas de nouvelles, bonnes nouvelles. Mais alors, il faudrait se résigner au silence, à ne plus laisser les mots se promener.
Une nouvelle, ce sont trois lignes lancées sur le papier, une idée cueillie au vol et que l'on a gardée bien au chaud pour l'hiver. Cela deviendra un titre, un début, le fil conducteur, si l'on prend garde à ne pas se laisser emporter par son élan, ne pas s'étendre. La nouvelle est un texte court, gare à l'obésité, gare à la chute. Oui, la chute, l'endroit qu'il faut atteindre sans être tombé avant, comme la ligne d'arrivée au bout de la ligne droite.
Il y a des chutes faciles. Le mort que l'on n'attend pas, la mort cachée derrière une porte, celles qui sortent d'un rêve, les fins toutes trouvées avec de grosses ficelles. La nouvelle, c'est une alchimie faite de formules brillantes, de fausses pistes, une respiration parfois lente, qui rythme le récit. Empreinte de mystère, mais aussi d'erreurs à éviter, de rituels. Dans cet univers du court, il y a les maîtres, Raymond Carver, Annie Saumont, Didier Daeninckx, chacun dans son registre. Dans cette corporation de sprinters, on parle souvent de papes ou de papesses, telle Alice Munro, prix nobel il y a quelques années.

Mais l'essentiel est comme dans la marche ou la course à pied, de trouver son souffle, le bon battement du coeur. Pas de prosternations inutiles, d'idoles à imiter, d'odes aux seigneurs. Chacun sa route, et pourquoi pas, osons le mot, son style. Ce fameux style que l'on peut nommer plus vulgairement "la patte". Mais l'essentiel est toujours d'aller au bout du texte à force de travail. Faire jongler les virgules, soupeser une phrase, retravailler encore pour atteindre ce qui pourrait être le point d'équilibre.
Et si, finalement, la meilleure nouvelle, ne serait pas d'avoir simplement l'envie d'écrire. De s'essayer à l'écriture, pour devenir, à force de transhumance, le berger des mots, celui qui a osé affronter le troupeau des voyelles et des consonnes.
Se dire aussi au fond de soi, qu'une nouvelle apporte parfois une part de bonheur."

*****

Voilà un texte très inspiré par le sport. Normal, Ahmed a été un très bon coureur. J'espère qu'il t'inspirera pour écrire la meilleure nouvelle.



Version imprimable Ecrire une bonne nouvelle

Conseils d'Isabelle Collombat ou l'art de la pâte à pizza

Note : 2.9/5 (61 notes)

Pour Isabelle Collombat difficile d'expliquer aux autres comment ils doivent s'y prendre. Elle n'a pas de recette ou de secret à délivrer... et pourtant dès qu'elle est lancée, elle partage volontiers quelques bons conseils.
Lis plutôt (je mets en gras ce qui me semble important).


"L'écriture, c'est plutôt l'art de la débrouille, un artisanat, une étrange domestication de soi-même, un état de concentration pour tenter de trouver, à force de travail, les mots. Et en même temps, il faut savoir se montrer ouvert et réceptif.


Patient, opiniâtre et endurant. Ecrire, réécrire, lutter contre le découragement, s'y remettre et recommencer, relire, reprendre le texte, reconstruire l'histoire.

J'ai lu qu'Alice Munro, écrivaine canadienne, prix nobel de littérature en 2013 a choisi d'écrie des nouvelles faute de temps. Jeune femme active et mère de famille à la fin des années soixante, elle a considéré qu'elle n'aurait jamais pu s'atteler à des textes longs qui aureint exigé de sa part un trop grand engagement. Si je comprends parfaitement Alice Munro, puisque je suis dans le même genre de situation, je pense que les textes courts exigent aussi beaucoup de travail et prennent du temps. Parfois, des textes de quelques pages demandent plusieurs mois, plusieurs années de travail car chaque mot compte. Encore plus que dans le roman.


Lors de mes rencontres dans des lycées, j'explique souvent ce qu'est pour moi
le principe de la pâte à pizza
Il faut, pour comprendre, avoir déjà fabriqué une pizza sans acheter la pâte déjà toute faite ! Bref, pour faire une bonne pâte à pizza, il faut de la farine, de la levure, de l'eau, un peu de sel et parfois aussi un peu d'huile d'olives. On délaye la levure dans l'eau, on mélange le tout, on pétrit avec énergie et on obtient une boule de pâte qu'on laisse reposer. Au bout d'un certain temps, au moins une heure, on reprend sa pâte, elle a bien gonflé. On peut alors la travailler au rouleau à pâtisserie, l'étaler et la garnir.

Un texte, c'est pareil. Il faut le faire reposer, le faire gonfler, sauf que ça prend un peu plus d'une heure, même s'il est court.
C'est un phénomène étrange que j'ai découvert au fil du temps. J'ai commencé à écrire avec des nourissons, puis des petits enfants dans les bras. Tout en adorant m'occuper d'eux, je regrettais de ne pas avoir plus de temps pour écrire. Dix ans plus tard, je manque toujours de temps, mais j'ai compris que, même lorsque je n'écris pas, mon histoire continue à vivre en moi et que, même si je ne suis pas derrière mon ordinateur, le processus ne s'interrompt pas.



Au contraire, tout ce temps passé sans écrire nourrit mon travail. Et quand je peux à nouveau écrire et que je relis mon travail, je le regarde différemment, avec un oeil qui n'est plus le même, qui a pris de la distance. Je peux reprendre mon texte. Mot par mot. Entendre en le lisant que la musique qui s'en dégage est pleine de fausses notes ou qu'elle ne me plaît pas. Alors, je recommence.

Et je me repose la seule question qui vaille : Qu'ai-je vraiment envie de raconter ?
En lisant les nouvelles des jeunes lauréats du concours de nouvelles 15-20 ans, je me suis souvenue qu'en débutant, je me laissait souvent embarqué par mon plaisir d'écrire. J'aimais la sonorité des mots, oubliant, souvent, que je devais aussi raconter une histoire. Pour moi parler d'un personnage et de ce qui lui arrive, c'est penser au concret de sa vie, aux minuscules choses de son existence. Bref, c'est se mettre à sa place."


Voilà quelques très bons conseils : Travailler et retravailler le texte sans relâche, puis laisser reposer cette histoire (comme une pâte à pizza) pour mieux y revenir.
Et ne pas oublier de se mettre dans la peau des personnages ! Essentiel.

Bon courage si tu te lances dans l'écriture.



Version imprimable 3 conseils de Murielle Szac

Les qualités d'une bonne nouvelle ?

Note : 2.9/5 (90 notes)

Murielle Szac était avec nous lors de la remise des prix de la 7ème édition.
Elle nous donne 3 très bons conseils :
La vraisemblance
Quand je lis une nouvelle, j'ai besoin de croire absolument à ce que je lis. Il faut donc que l'auteur soigne la vraisemblance de ce qu'il me raconte. C'est court, on doit entrer tout de suite avec le personnage et ne plus le lâcher, mais le moindre faux pas, la moindre incohérence et patatras, le charme est rompu.
Quand j'écris une nouvelle, je veille soigneusement à cette authenticité là. J'ai été frappée lorsque j'ai lu les nouvelles du concours par la richesse des styles et des écritures, par la profondeur de certains univers et la qualité des scénarios, qui étaient souvent gâchée par de grosses incohérences surgies brutalement.
Donc si j’ai un conseil à donner c’est de veiller à ce que tout ce que vous racontez soit juste possible. On ne vous demande pas que ce que vous racontiez soit vrai, mais que ce soit vraisemblable. On doit pouvoir y croire.
La chute
Pour ma part, une bonne nouvelle doit me surprendre, si possible dans sa dernière phrase. Les nouvelles sans chutes me laissent sur ma faim, et me donnent l’impression d’être des romans avortés. Comme si leur auteur s’était arrêté par manque de temps ou de courage pour poursuivre. Une nouvelle bien ficelée se suffit à elle-même, on ne reste pas sur sa faim, on ne l’imagine pas plus longue, et on ne s’attend pas à sa fin…

Le rythme
À la différence du roman qui peut prendre son temps, la nouvelle doit être nerveuse, efficace et doit trouver son rythme dès le début. On a peu de mots pour camper un personnage, une situation, et c’est une musique rapide que j’attends. Attrapez-moi au premier mot, et lâchez-moi au dernier !


Nul doute que ces 3 points devraient t'aider à porter un regard extérieur sur ta nouvelle.

Bon courage et surtout noublie pas
les trucs de pro, c'est plus souvent des conseils pour améliorer
l'efficacité d'une nouvelle que des recettes à appliquer consciencieusement.
Ecris d'abord sans t'autocensurer.



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